Il a suffit de voir la présence de MOONSORROW etCARCASS sur l’affche
pour nous convaincre d’aller à ce festival.
Après avoir tout booké, nous voilà donc en route vers Strasbourg et son Alsace tant réputée pour sa gastronomie alléchante. Le soir venu, et même si le froid est très intense à cette période de l’année, impossible de résister à la dégustation d’une (voire plusieurs) tarte flambée et de bières locales des plus raffinés. Oui, ce sont bien des vacances Metal culinaires que nous nous sommes offerts, mais nous y reviendrons plus tard.
Vendredi 17 janvier.
Le lendemain, direction donc la merveilleuse Suisse et plus exactement la ville de Zurich, dans un train des plus confortables (vu le tarif, l’inverse aurait été étonnant).
Après une visite rapide du centre, très huppé avec ses avenues dignes des Champs Elysées, nous nous rendons vers la célèbre salle de la Dynamo, d’une capacité d’environ 500 personnes. C’est un endroit sympathique et les premiers rangs sont accessibles. Un peu déçu de ne trouver que très peu de merch de groupe sur les 2 jours. En effet, beaucoup, sont là qu’en one shot.
Malheureusement, au moment d’aller prendre une bière, le bar ne prends
pas d’espèces. Le distributeur se trouve à 10 min de marche.
Nous voilà donc parti en quête d’un distributeur. Nous qui étions en avance, nous avons de ce fait râté en grande parti le premier groupe de la soirée, COLDCELL, dont nous verrons seulement le dernier morceau. Du Black Metal fortement inspiré de REGARDE LES HOMMES TOMBER, encapuchonné de partout. Un peu dégouté d’avoir loupé ça car cela sonnait bien.
Place au grindcore / crust avec les vétérans de ROTTEN SOUND. Changement de registre total, 25 minutes de set, au moins 17 morceaux, voilà qui nous met directement dans le bain.
Ça joue fort, on a pas le temps de respirer, c’est crasseux, la pédale HM-2 (pour les connaisseurs) est à balle, c’est sale et ça pue le punk à l’extrême. Le son est fort mais pas degueu et englobe bien la salle entier, merci l’ingé-son.
La petite mise en bouche pour bien démarrer ce festival.
De temps en temps on se surprend à se rappeler d’un groupe dont on avait totalement oublié l’existence, notamment il y a quelques mois quand le festival a annoncé la première vague l’été dernier. Et il se trouve qu’il y en a un qu’on avait vu au Wacken en 2005 et qu’on pensait disparu depuis. Il n’en est rien. Aujourd’hui NAGLFAR est à l’affiche et va tout fracasser. Dans une veine black mélodique, le groupe est attaché à leur identité suédoise, pas très éloigné des meilleurs années de DISSECTION ou des excellents NECROPHOBIC.
Les mélodies sont somptueuses, les parties violentes succulentes et le kiff est total.
Et quand on découvre que le Line Up inclut 2 membres de la fine fleur du Black Thrash BEWITCHED, nous sommes comblés.
Une redécouverte qui vaut le coups de s’y (ré) intéresser.
L’ambiance retombe un chouïa avec l’arrivée des américains de BRUJERIA.
Aujourd’hui, point de all stars band, seuls des véritables latinos seront sur scène. Après les morts respectives des 2 chanteurs emblématiques du groupe (à même pas 6 mois d’écarts), c’est finalement le fiston d’un des 2 qui les remplace au pied levé.
Malheureusement, il ne se passe rien, tout est plat, insipide et dénué d’intérêt, même si cela resté professionnel et carré.
Et ce ne sont pas les maigres escapades neo metal ou fear factoriennes musicales qui vont changer quelque chose. Seule la fin du set et son Macarena transformé en Marijuana peuvent prêter à un léger sourire. Bref, à oublier rapidement.
Le plat de résistance pointe enfin le bout de son nez. Une belle batterie Tama, ornée de différents outils de chirurgie est mise en place, quelques amplis et terminé, pas de fioritures. CARCASS est dans la place.
D’entrée de set, Buried Dreams nous assomme : son parfait, ambiance de dingue, musiciens tout sourires, on sait qu’on va passer un super moment.
La part belle revient à Heartwork avec pas moins de 4 morceaux joués, impossible de résister aux No Love Lost et autres Death Certificate, des pépites en matière de death mélodique.
Jeff Walker, désormais glabre sur la tête et pied bien vissé sur son retour (son tech à placé des poids derrière) semble s’amuser comme un enfant, balançant 5 mediators par chansons, son accent British fait toujours son petit effet, tandis que Bill Steer a toujours la classe avec son style des seventies et balance les riffs death comme lui seul en a le secret.
Les vieux morceaux ne sont pas en reste, impossible de résister à Corporal Jigsore Quandary et son intro à la double grosse caisse légendaire ou même Exhume To Consume, beaucoup plus death à la limite du grind.
Et lorsque le fabuleux Heartwork est lancé au bout d’une heure, la messe est dite. Les anglais ont toujours leur place dans le panthéon du death metal et vu la prestation de ce soir, ils ne sont pas prêts de partir. Juste magique.
Samedi 18 janvier.
Nous sommes aussi venu dans la ville de Zurich car elle est aussi le berceau de la marque Lindt. Le fameux fabriquant de chocolat. La visite du Home of Chocolate s’impose. C’est un passage obligé
pour les amateurs, à quelques kilomètres du centre ville.
Et quelle surprise. La visite dure 2 heures et l’on y apprend les différentes
étapes de fabrication de chocolat, de la culture du cacaoyer à la tablette.
Evidemment une dégustation de chocolat était proposée tout au long
de notre déambulation. Nous avons fini par un arrêt à la boutique afin
de subvenir à notre gourmandise.
Après cette excursion matinale et pittoresque, retour à Zurich et à la salle de la Dynamo qui ouvre ses portes bien plus tôt que la veille, car pas moins de 7 groupes se produiront aujourd’hui.
On commence par les locaux de UNCAVED, sorte de death mélodique tantôt moderne puis prog à certains moments, son correct, ça joue bien et tout est en place. Plutôt pas mal.
DEFACEDest le groupe suivant, locaux eux aussi, de la ville d’Emmental.
Changement de registre puisqu’on navigue désormais dans le Brutal Death Metal un peu groovy, mélangeant habilement ABORTED et DYING FETUS.
Ca tricote sévère sur les manches, le chanteur headbangue à la façon de Sven de Caluwé sur son retour. Le genre de groupe qui donne envie de secouer les cheveux même sans connaître forcément. On passe la seconde niveau intensité.
S’il y a bien un truc vraiment incroyable et qui arrive seulement en festival, c’est la découverte live de groupe que l’on a entendu parlé mais jamais eu l’occasion de voir. HELLERUIN fait parti de cette catégorie.
À la base one man band, on les voit maintenant un peu partout en festival, un peu à la manière de BLACKBRAID.
C’est donc un black metal old school, assez thrash a certains moments, bref du déjà vu mais tellement puissant qu’on se laisse transporter.
Les musiciens, corpsepaint et perfecto de rigueur, sont déchaînés et ne se ménagent pas du tout. Le son est monstrueux et du miel pour nos oreilles. Super découverte qui va nous pousser à creuser un peu plus sur ce groupe qui ne laissera pas indifférent.
Il existe de temps à autre des groupes qu’on aurait préféré oublier. En 2023, nous nous étions déplacés 2 fois pour aller voir nos cousins favoris du Québec, à savoir KATAKLYSM.
Il se trouve qu’en première partie siégeait un groupe de prog américain, WILDERUN, qui nous avait laissé un brin dubitatif et cela paraissait monotone.
Vu que le groupe suivant ne nous laisse pas le choix d’être à la barrière, nous passerons 50 minutes à attendre patiemment la fin de leur concert. Alors attention, c’est ultra carré (obligé quand on produit ce style là) et les musiciens ont tous un niveau abusé. Mais rien à faire, impossible de rentrer dedans. Bref, passons.
Certains groupes peuvent sortir des pépites sur albums mais pour lequel le Live devient sublime. C’est le cas des finlandais de MOONSORROW.
Une aubaine pour nous vu que le groupe ne tourne pas beaucoup, 1h de set (environ 5 morceaux) c’est déjà énorme. Petit souci technique tout de même, le système HF (sans fil) du bassiste présente des ratés et l’obligera à jouer avec un câble jack.
Alors que les musiciens montent sur scène pendant une intro très folklorique, la tension monte dans le public qui répond intensément, sans doute la meilleure de tout le week end, preuve que la popularité du groupe reste intacte.
C’est alors qu’Ukkosenjumalan Poika résonne dans la sono. Le Black Pagan a son apogée. Tout est parfait, son, ambiance (les gens hurlent), l’atmosphère qui règne (ces nappes de clavier, mama…), musiciens remontés à bloc, impossible de ne pas s’imprégner.
Le lancinant Haaska et ses chœurs majestueux nous propulse loin dans les contrées sauvages. Magnifique.
Alors que le groupe respire un peu, le chanteur bassiste nous demande si nous aimons la Grèce. Tiens tiens. Inattendu, c’est Non Serviam, célèbre morceau de ROTTING CHRIST, qui nous est proposé maintenant, provoquant le déchaînement de votre serviteur. Juste merveilleux.
Viens ensuite Jotunheim (l’intro en moins, le morceau faisant plus de 20 minutes), avec ses mélodies entêtantes, et enfin Ihmisen Aika, dernière chanson du dernier album (qui date tout de même de 2016), célèbre pour ses chœurs vikings et repris à gorges déployées par une assemblée définitivement acquise à sa cause. Un très grand moment qui restera gravé. Mille fois merci.
Après cette tornade musicale, la barre a été mise très haute et cela va être compliquée pour les groupes suivants de faire aussi bien.
Ça tombe bien, les vétérans de VENOM sont les suivants. Et quoi de mieux que l’emblématique Black Metalpour déchaîner les foules. Malheureusement, après ça, tout retombe bien bas, le son est très inégal, Cronos s’essayant à faire le clown est à la limite du ridicule (au moins Abbath fait rire à ce niveau là), bref on est loin du professionnalisme des groupes précédents. Ce faisant, bières et hamburgers s’imposent afin de se soustraire à ce cirque pas très comique. Dommage, vu le culte qui leur est voué, certains feraient mieux de s’arrêter pendant qu’il est encore temps.
Pour finir, c’est ASAGRAUM, groupe de black metal composé uniquement de filles qui a l’honneur de clôturer ce festival.
On évoque quelques soucis techniques pendant les balances au niveau du son qui vont malheureusement perdurer pendant le set.
Dommage car l’ensemble paraissait sympathique, de plus, la fatigue se faisait clairement ressentir, nous quitterons la Dynamo avant que le band termine son set.
En conclusion, ce fut un week end parfait, des groupes qui ne nous ont pas déçus, un orga (presque) parfaite et cette salle mythique qui valait le coup qu’on se déplace.
Le retour en France se fera par une étape sur Strasbourg dont le froid sera encore plus intense qu’à l’aller. Heureusement, les températures douces du sud ouest nous accueillent bien mieux.
Mais la Suisse et l’Alsace ont quand même ce petit charme irrésistible qu’on est obligé de revenir un jour. Et cela arrivera.
En attendant, on retrouve CARCASS et les autres groupes du plateau à Toulouse 10 jours plus tard, qui donnera encore une fois un concert juste énorme dans un Bikini correctement rempli. Vive le Metal Extreme.