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SEPULTURA – Quadra

SEPULTURA – Quadra

ActuMetalToulouse

17 juin 2020

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SEPULTURA

Quadra

Label : Nuclear Blast Records

Février 2020

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C’est quoi Sepultura aujourd’hui ?

La formation au passé légendaire semble avoir vécu plusieurs vies, revêtu différentes peaux, embrassé tellement de périodes, usé de tellement d’influences diverses… Le groupe semble être revenu de loin également, une résurrection tranquille au début des années 10 de ce XXIe siècle qui lui a permis de retrouver doucement son statut de groupe « avec lequel il va falloir compter » comme disent les chroniqueurs.

Plusieurs vies, une histoire encombrante, tant artistiquement que personnelle. Sepultura a des allures de messie ressuscité, mais qui n’entonne plus le même discours à ses premiers apôtres. Il ne s’adresse plus vraiment à eux d’ailleurs… Sepultura ne regarde pas en arrière… Pas de mélancolie, l’envie de faire de la musique est présente, et cela semble être le plus important. Qui l’aime le suit… Et il fut suivi.

Outre un passé riche et écrasant, la question posée peut avoir un intérêt tout particulier lorsque nous regardons toutes les multiples influences que le groupe arbore dans ces compositions, ces albums. Cela est d’ailleurs ce qui fait il me semble toute sa force, toute sa faiblesse, toute sa nouvelle identité.

Sa richesse ?

Sepultura aujourd’hui avec Quadra (initié par Machine Messiah) n’a jamais été aussi technique, mélodique.

Quadra est un album d’un groupe qui ne se parodie pas, qui ne se caricature pas et qui arrive à avoir du recul sur son oeuvre.

Nous tenons là un album d’un groupe qui expérimente, en cela il ressemble au précédent qui apportait pleinement ce côté progressif : de nouvelles sonorités, des albums concepts, l’ajout d’instruments et d’influences non conventionnelles dans le genre du Thrash moderne (arrangements orchestraux, riff punk, plan jazzy à la batterie).

Et puis toujours ces concepts thématiques qui se traduisent musicalement par des prises de risques plus qu’appréciables. Quadra est réellement intéressant sur ce point, car c’est bien la première fois qu’il m’a été donné de voir un concept simple rendre complexe et varié l’album. Quadra c’est quatre (bravo) forces, quatre principes qui régissent notre monde. Musicalement le groupe décline donc ces quatre forces :

  • 1 – le Thrash !
  • 2 – Le groove !
  • 3 – On prend des risques et on mélange vraiment les genres
  • 4 – On se pose et on regarde qu’est-ce qui nous fait vibrer en termes de mélodies.

Yin et Yan

Alors certes découper l’album comme ça est déjà intéressant, justifier cette découpe par une thématique spirituelle l’est encore plus ! Mais ce qui est à mon sens le plus puissant c’est cette formidable cohérence qu’a l’ensemble. Certes, chaque composition de chaque partie se reconnaît de façon évidente, pour autant, le groupe inévitablement, a disséminé de multiples détails qui rendent chaque partie différente et somme d’un tout un peu plus important que la simple somme de ses parties.

Je disais donc !

Ainsi la première piste Thrash à l’excès et rappelant même dans les riffs le titre Arise, comporte des chœurs, ces mêmes arrangements se retrouveront sur Raging Void et Gardiens of Earth !

Last Time a un moment de tension suspendue, caractéristique des velléités de créer une ambiance, comme sur le début du chant de Capital Enslavement, ce chant murmuré qu’on retrouvera dans sa dernière partie sur Agony of Defeat. Means to an end a un riffing très entraînant faisant déjà sonner la modernité et la fraîcheur dans la combinaison rythmique- riffings (ces breaks inscrits dans les couplets qui posent et relancent l’énergie !)

Franchement ! Je pourrai continuer longtemps à vous faire découvrir quelles idées de compositions ou d’arrangements irriguent l’ensemble de l’oeuvre… Mais ce qui m’intéresse le plus dans cet album n’est pas la réussite du groupe, mais son échec. Mais avant petit descriptif de l’intensité d’une de mes compos préférées de l’album :

Gardiens Of Earth commence tellement bien avec cette guitare sèche et cette rythmique pleine de tension derrière tout en subtilité. Puis des chœurs… Mélange étrange, mais qui touche juste tant la qualité mélodique est présente. Puis Derrick et le groupe arrive. En une introduction Sepultura a montré tout son talent d’orchestrateur, de compositeur, de créateurs d’ambiances. Des riffs plus incisifs viennent percuter les riffs mettant en avant une ligne mélodique plus simple, et le batteur se permet un petit blast. Les chœurs reviennent et sont alors soutenus par une section rythmique qui en accroît l’intensité. Voilà que la guitare se fait ensuite plus intimiste… et porte un développement mélodique particulièrement réussi pour enfin faire éclater les notes du solo dont la mise en place et les arrangements autour mettent en valeur les notes. Et ces chœurs qui deviennent alors essentiels à la composition et font gagner en intensité le final lui faisant accroître sa violence !

L’échec donc…

Fear Pain Chaos Suffering (ce titre en mode chek list de l’univers extrême metal !!) est le titre le plus osé et le plus casse-gueule. Il représente toute la réussite et l’échec du groupe, toute sa nouvelle force et sa perte d’identité.

Et ça, c’est passionnant ! Sepultura c’est quoi finalement au vu du sacré mélange épicé que le groupe nous sert depuis trois albums maintenant !

Sais rien…

Sans cesse ! J’ai beau retourner le truc, avoir fait tout un travail préparatoire à cette chronique, je n’en sais rien… Du Thrash oui, mais… Des fois pas du tout. C’est un groupe qui a beau avoir un nom qui sonne comme un blockbuster à 200 millions c’est une bande qui pense comme un indépendant et qui se fout bien de ce qu’on peut attendre de lui. Le thrasheux sera pas entièrement satisfait, et dira qu’il y a des maladresses ou des moments pleins de chichis inutiles. Celui qui attend un groupe qui jette son passé aux oubliettes pour tout reprendre sera lui aussi déçu.

Je ne comprends plus ce groupe et encore moins cet album. Tout est clair et tout est obscur. Et si cette évanescence de leur identité musicale était devenue enfin leur personnalité ?

Putain ! Ce que je ne comprends pas au final, ce n’est pas le style particulièrement hétéroclite, c’est qu’est-ce qui ne marche pas, alors que tout marche !?!

Oui parce que le groupe atteint rarement l’extase, à part sur l’extrait que je vous ai décrit. Tout est efficace, tout est recherché, tout est amour, tout est passion, tout est beau, tout est puissant, mais rien n’est impérissable. Putain, pourquoi ???

Pourquoi Quadra n’est pas un chef-d’oeuvre, alors qu’il a tout pour l’être ?

Qu’est ce qui manque putain ? C’est quoi cette étincelle ? Elle est où ?Comment pourrait-on la cerner, où est-elle dans cette oeuvre, absente ?

Que manque-t-il ? Qu’y a-t-il en trop ? Où est la maladresse ? Où est le mensonge ? Où cela sonne faux ? Où y a-t-il un problème ? Où est ce moment de bascule ? Où tout semble bien et agréable et peu intense ? Où le sublime s’efface face à la convenance ? Où la prise de risques devient faute ? Où l’idée est-elle trahie par son application ? Où la volonté n’est plus maîtresse ? Où y a-t-il une évidence ??

Je ne sais pas.

Ce que je sais c’est que Quadra, quand je l’écoute, il me ravit, mais j’ai besoin de l’oublier pour le redécouvrir, sinon il devient insipide. Bien fait, toujours, mais fade à l’extrême, alors même que tant d’épices ont été savamment mélangées et que ces cuisiniers du ciel ont fait attention à la quantité, et à ce que jamais un ingrédient ne gâche l’autre… Bref…

Un plat incroyable !

Un plat oubliable !

Débrouillez-vous avec ça.

Comme moi.


Votre malheureux Robin

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